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Tours et détours de l’escamoteur de Bosch à nos jours

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Pour célébrer le 500ème anniversaire de la mort du peintre flamand Jérôme Bosch (1450-1516), sa toile bien connue de « L’Escamoteur » fait l’objet d’une exposition temporaire Tours et détours de l’escamoteur de Bosch à nos jours au sein de l’Espace Paul et André Véra du 16 novembre au 31 décembre 2016.

Le dossier de presse : Dossier de presse Tours et détours

Il est à noter qu’un catalogue d’exposition a également été édité pour l’occasion, disponible à l’office du tourisme : Blandine Landau, Patrick Le Chanu, Pierre Taillefer, Agnès Virole, Tours et détours de l’escamoteur: de Bosch à nos jours, Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), Musée municipal de Saint-Germain-en-Laye, 51 pages.

L’Escamoteur dévoilé : compte-rendu de l’exposition

Pour les amoureux de la magie, c’est dans une salle paisible de la banlieue parisienne que va se clore l’année avec un événement magique sans précédent.

Saint-Germain-en-Laye… Ce nom secret, toujours prononcé avec déférence par ceux qui savent… Un nom de sanctuaire, car c’est là qu’il est, conservé – protégé – religieusement loin des regards, dans une réserve obscure : L’Escamoteur, cette œuvre magistrale attribuée à Jheronimus van Aken, dit Jérôme Bosch, traduction terrestre de son univers d’illusions, de chimères et de vices. Œuvre capitale tant pour l’histoire de l’art que pour l’illusiographie, comme l’ont rappelé avec brio Patrick Le Chanu et Pierre Taillefer lors de la table ronde inaugurale.

Destin de tout escamoteur que de disparaître… mais en cette fin d’année, le rideau se lève, et le voilà rendu à la lumière du monde. Et avec lui, un cortège de pièces extraordinaires, permettant de réinvestir l’imaginaire social de cette figure fondamentale du XVe siècle à nos jours.

L’exposition est une première, tant par le sujet que par l’incroyable qualité des documents présentés. Il faut remercier trois des grands collectionneurs français (Georges Naudet, Georges Proust, Jacques Voignier) et étrangers (Volker Huber, William Kalush) qui pallient l’absence d’œuvres des institutions publiques en proposant aux regards du public des pièces rarissimes, voire complétement inédites : qui peut se targuer d’avoir, jusqu’à ce jour, contemplé un panneau de coffre de mariage florentin du XVe présentant un escamoteur ; la Chute du magicien Hermogène (1565) de Brueghel, cette reconstitution visuelle encyclopédique du répertoire des bateleurs du XVIe siècle ; l’énigmatique bois gravé de la Pratiques judicaire de Damhoudère ainsi que celui des Décrétales de Boniface VIII ; ou les plus anciens gobelets connus du XVIIIe siècle en fer-blanc ? La Bibliothèque Sainte-Geneviève a rendu également possible la réunion des deux premiers traités imprimés de prestidigitation connus : The Discoverie of Witchcraft (La Sorcellerie dévoilée) de Reginald Scot et La Première partie des subtiles et plaisantes inventions de Jean Prevost, parus l’un et l’autre en 1584 de part et d’autre de la Manche.

Il faut saluer Pierre Taillefer, pour avoir orchestré l’ensemble d’une baguette de maître et surtout pour avoir identifié et sélectionné ces œuvres clefs et méconnues qui se répondent et dessinent un panorama complexe. Elles font éclater les conceptions réductrices de la prestidigitation en débordant largement le strict cadre spectaculaire par ses prolongements politiques ou théologiques. L’ambiguïté originelle de ce couple escamoteur/voleur, entre divertissement et méfait, trouve ici sa parfaite illustration visuelle. L’illusionnisme doit être réenvisagé comme un phénomène social.

Si l’exposition ravira sans aucun doute les passionnés d’histoire, les praticiens ne seront pas en reste : ils y trouveront, entre autres, la reconstitution historique filmée de la routine de gobelets du légendaire Hocus Pocus Junior (début XVIIe), présentée par Antoine Leduc et filmée par Frédéric Tabet. Mais ce qu’ils y trouveront surtout, c’est la possibilité unique de revenir à la source même de l’illusionnisme, de renouer avec sa profondeur et sa puissance évocatrice. Avec Bosch pour guide, retrouvons les voies mystérieuses des magiciens de grand chemin… »

Thibaut Rioultrevue-n-619

Texte paru dans la Revue de la prestidigitation (revue de la Fédération Française des Artistes Prestidigitateurs), mai-juin 2017, n° 619, pp. 55-56 sous le titre « L’Escamoteur dévoilé : compte-rendu de l’exposition Tours et détours de l’escamoteur de Bosch à nos jours »